Chapitre 2 Parce que tu es ma femme
Lorsqu'elle entendit cette voix, Lin Yuzhen trembla un peu.
Elle leva les yeux vers Lin Xiao qui se tenait devant elle. Son grand-père n'avait jamais semblé s'inquiéter pour elle depuis sa naissance.
Lin Xiao ne l’avait même pas regardée à sa naissance, parce qu’elle était une fille.
Maintenant, il allait lui choisir un mari et prendre une décision qui affecterait le reste de sa vie.
Lin Yuzhen respira bruyamment. En colère et frustrée, elle ne put qu’ouvrir la bouche pour protester. Cependant, soudain, elle vit Lin Wen assis sur son fauteuil roulant qui secouait la tête en la suppliant du regard.
Par conséquent, elle se contenta de garder le silence.
– Mesdames et messieurs, après un processus de sélection par notre famille, parmi les dix merveilleux candidats, nous avons choisi le meilleur pour être l'époux de Yuzhen. J'espère que tout le monde ici présent bénira le nouveau couple !
Sur ce, tout le monde applaudît.
Pour Lin Yuzhen, ces applaudissements ne représentaient rien de plus que de la moquerie, et même de la pitié.
Alors que ses yeux devenaient rouges, celle-ci luttait pour empêcher ses larmes de couler.
– Papa, c'est lui.
Lin Qiang sortît une carte joliment conçue pour la passer à Lin Xiao. Le nom de leur choix final y était inscrit.
Ils avaient déjà procédé à des vérifications minutieuses. Ce type n'avait aucun antécédent, il était orphelin, âgé d’une trentaine d’années, peu éduqué, inculte, n'avait aucune compétence et était sans abri ; il ressemblait vraiment à un homme complètement inutile.
Cet homme avait même souffert de crises de folie intermittentes.
Ils avaient entendu dire qu'il s'agissait d'une maladie héréditaire !
Si c'est le cas, une fois que cet homme aura épousé Lin Yuzhen, en plus d'avoir retiré l'entreprise familiale à cette dernière, même ses enfants n’auront aucun centime venant des Lins !
Fixant Lin Yuzhen et sa famille, Lin Qiang ne pût s’empêcher d’émettre un léger sourire sur son visage.
– À présent, je voudrais annoncer notre choix final !
Parce qu’il était myope et ne pouvait pas voir clairement, Lin Xiao rétrécît donc ses yeux et regarda attentivement la carte avant d'annoncer :
– C'est ce jeune homme chanceux, Jiang Ning !
En entendant cela, tout le monde se tourna vers la porte arrière de l'hôtel.
En tant que futur gendre de la famille Lin, ce dernier ne pouvait entrer que par la porte arrière.
Lin Wen et sa femme ne purent pas supporter de regarder.
Ils savaient que Lin Qiang choisirait certainement le pire des hommes pour être le mari de Lin Yuzhen.
Cependant, Lin Yuzhen se retourna pour regarder. Elle était curieuse de savoir qui deviendrait son mari.
Jiang Ning leva la tête seulement pour croiser son regard. Mais aucun des deux n'osa dire un mot.
Alors que le jeune homme traversait le hall, tous les regards étaient rivés sur lui. Étrangement, l'expression de son visage semblait moqueuse, ainsi qu'un peu de schadenfreude.
– Jiang Ning, félicitations pour avoir été choisi comme futur époux de Lin Yuzhen et futur gendre de la famille Lin.
Lin Qiang ajouta :
– Tu n’as pas à nous remercier, nous espérons simplement que tu prendras bien soin de Yuzhen.
Pour lui, Jiang Ning devrait être éternellement reconnaissant aux Lins d'avoir donné un foyer à un orphelin sans abri comme lui.
Lin Qiang s'approcha de Lin Yuzhen et lui prît doucement la main, le visage plein de sollicitude et d'inquiétude.
– Viens, Yuzhen.
Ainsi, il l'amena devant Jiang Ning pour placer sa main sur celle de Jiang Ning.
Devant cette scène, tous les invités ne purent s’empêcher d’applaudir, comme s'ils assistaient à une heureuse cérémonie de fiançailles.
Cependant, Lin Wen et sa famille savaient que tout le monde se foutait d'eux !
Demain, tout Donghai saura que la famille Lin obtînt un gendre, le mari de Lin Yuzhen, et ce sera le sujet de conversation de la ville.
Lin Yuzhen était complètement déboussolée, comme si son esprit avait été complètement vidé.
Elle ne semblait plus entendre ni voir, et ne savait même pas à quelle heure se terminait la fête.
Une fois la fête terminée, Sumei s’enfuît immédiatement en pleurant, tandis que Lin Wen fît rapidement rouler son fauteuil roulant derrière elle.
À l'entrée de l'hôtel, un vent froid souffla sur son visage et Lin Yuzhen reprît ses esprits.
Elle regarda Jiang Ning qui se tenait à côté d'elle. Son visage était sans expression, mais sa voix était rauque.
– Mon oncle, je ne t’en veux pas.
Elle poursuivît tranquillement :
– Tu es aussi à plaindre.
Jiang Ning avait dix ans de plus qu'elle, il semblait donc approprié de l'appeler Oncle.
Jiang Ning garda le silence.
Il ne plaça même pas un mot de toute la journée.
La personne en face de lui était la petite fille d'il y a quinze ans. Elle était toujours aussi gentille.
Elle avait toléré cette situation et subi ces brimades pour que ses parents puissent vivre heureux.
– Oho, ma chère cousine, félicitations !
Soudain, un homme sortît de l'entrée et sourît en joignant les mains :
– Félicitations pour avoir eu un mari aussi exceptionnel !
Il mît volontairement l'accent sur le mot « exceptionnel » et le lâcha avec beaucoup de sarcasme.
Lin Yuzhen fronça les sourcils et se mordit les lèvres. Elle regarda Lin Feng et serra les poings.
– Mon père et la famille ont travaillé dur pour ton mariage, dit Lin Feng en soupirant.
– Eh bien, maintenant que tout est réglé et que tu as trouvé quelqu'un, mon oncle peut lui aussi être en paix.
Il ne se soucia pas de voir Lin Yuzhen pâlir et se tourna pour jeter un coup d'œil à Jiang Ning.
Cet homme inutile fut trouvé par son père, Lin Qiang. Lorsqu'il pensa aux informations qu'ils avaient sur lui, il ne put s'empêcher de rire.
Un homme pouvait donc être aussi inutile.
– A mon nouveau cousin par alliance ; maintenant que tu fais partie de la famille Lin, tu ferais mieux d'être gentil avec mon cousin ici présent, continua Lin Feng avec jubilation.
– Fais vite des enfants, d'accord ? Cela rendra grand-père heureux aussi.
– Peu importe à quoi ressemblera ton enfant, ou même si tu donnes naissance à un retardé, les Lins peuvent se permettre de l'élever.
Lin Yuzhen ne pouvait plus le supporter.
– Lin Feng, ça suffit !
– Yuzhen, je vous donne juste ma bénédiction, répondît Lin Feng.
– Grand-père a également dit qu'il espérait que vous auriez bientôt des enfants. Je pense que vous terminerez cette mission ce soir.
S'ils avaient vraiment un enfant attardé, ce serait encore plus drôle.
– Tu !
Alors que Lin Yuzhen lèva la main, le visage de Lin Feng se fut immédiatement assombri.
– Quoi, tu veux me frapper ?
Lin Yuzhen se mordit les lèvres, furieuse et indignée.
Si elle osait frapper le petit-fils aîné des Lins, demain sa famille serait reniée !
Pour son grand-père, seuls les petits-fils étaient des membres de la famille Lin. Elle... n'était pas éligible.
Lin Feng devint encore plus joyeux lorsqu'il vit Lin Yuzhen baisser la main.
Depuis leur enfance, il était le seul à pouvoir intimider Lin Yuzhen, qui rêvait de lui donner une leçon.
– Je fais cela pour ton bien, mais tu sembles ne pas apprécier mes bonnes intentions. Lin Feng soupira bruyamment à dessein.
– Ton père est paralysé depuis tant d'années, et ta famille serait morte de faim depuis longtemps si les Lins ne te soutenaient pas. Nous avons fait tant d'efforts pour te trouver un mari et tu n'es pas seulement ingrate, tu veux aussi me frapper. Si grand-père sait que tu as essayé de me frapper, les conséquences...
Lin Yuzhen commença à trembler à ces mots.
Elle regarda Lin Feng avec une grande fureur. Comment une personne pouvait-elle être aussi impudique ?
Elle se retourna pour partir, mais Lin Feng lui barra à nouveau le chemin.
– Yuzhen, c'est la décision de Grand-père. Si tu n'es pas contente, va le lui dire.
Lin Yuzhen se mît à pleurer d'indignation alors que sa colère fut poussée à son paroxysme.
– Que comptes-tu faire ?
Jiang Ning rompît soudain le silence.
Lin Yuzhen lèva la tête pour regarder Jiang Ning, avant de s’exclamer :
– Je veux lui donner une bonne gifle !
Pak !
Elle venait à peine de finir de parler qu'elle entendit le bruit d'une gifle. Lin Feng se tint le visage alors qu'il s'effondrait sur le sol, et il n'eut même pas le temps de crier.
Il ne réussit à réagir que lorsqu'il sentit une sensation de brûlure sur son visage. Il fut battu !
Jiang Ning le gifla !
Lin Feng était stupéfait, tout comme Lin Yuzhen.
Jiang Ning osa frapper Lin Feng ?
Il n’était que le gendre de la famille Lin !
– Tu…
Le visage de Lin Yuzhen pâlit immédiatement d'effroi.
Lin Feng allait tuer Jiang Ning !
– Pourquoi m'as-tu écoutée ? murmura Lin Yuzhen.
– Parce que tu es ma femme maintenant, répondît Jiang Ning.