Chapitre 9 En dehors des heures de travail
Point de vue de Caden :
J’étais sincèrement surpris.
Non pas à cause des cadeaux. La société des loups garous était régie par une hiérarchie stricte, et l’attitude glaciale de Felix avait clairement montré que cette Omega venue de Frostmoore n’avait aucune importance au sein de la Meute de l’Ombre.
Mais j’ai été complètement captivé lorsque Rosaline s’était assise au piano.
Son élégance au clavier semblait innée, rien à voir avec l’image que je me faisais d’une Omega issue de ces terres dures et glacées du nord.
J’étais troublé. Son comportement habituel ne ressemblait en rien à ce qu’elle avait montré ce soir.
La réception de ce soir était organisée par la Meute de l’Éclipse. J’étais satisfait que Rosaline, ma prétendue fiancée, se soit distinguée devant tout le monde. Pourtant, une fois sa prestation terminée, elle m’ignora complètement, comme si je n’existais pas.
En tant qu’héritier de la Meute de l’Éclipse, futur Alpha, je ne comprenais pas pourquoi elle me traitait ainsi.
Quand je l’avais vue quitter la salle, je n’avais pas pu m’empêcher de la suivre. Il fallait que je lui demande pourquoi.
Point de vue de Rosaline :
— Tu exagères. Qui t’a dit que je devais te rendre des comptes avant de partir ? Caden, il est hors des heures de travail. Tu n’es pas mon patron en ce moment. Ce que je fais de mon temps libre ne regarde que moi.
Je fis un geste de la main et une voiture s’arrêta juste devant moi. Le chauffeur descendit et m’ouvrit la portière.
C’est alors que je réalisai qu’il s’agissait de la voiture de Caden. Je restai un instant figée, hésitante.
Mais Caden prit la parole, d’un ton glacial :
— On rentre ensemble. Il est trop tard pour que tu sois seule dehors. Et si quelque chose t’arrive, la Meute de l’Éclipse en sera tenue responsable.
Je fronçai les sourcils.
— Si tu as peur que je te poursuive en justice pour de l’argent, ne t’en fais pas. Ton argent ne m’intéresse pas.
Je me tournai pour partir, mais Caden m’attrapa brusquement par le poignet, sa voix ferme :
— Monte dans la voiture !
Je n’arrivais pas à croire à quel point cet homme pouvait être soudainement aussi impoli.
Ignorant complètement mon agacement, il poursuivit :
— Puisque j’ai promis à l’Alpha de rester avec toi pendant trois mois, je suis responsable de ta sécurité durant ce temps.
Très bien. Il ne voulait que se couvrir, éviter d’avoir des comptes à rendre si quelque chose m’arrivait. Voilà donc pourquoi il insistait pour que je rentre avec lui.
Je me dégageai violemment et montai dans la voiture en première, déjà profondément agacée.
Avant de venir ici, je pensais qu’il n’y aurait aucun lien entre Caden et moi pendant ces trois mois. Mais il s’avérait que cet homme n’était pas seulement colérique et difficile, il était aussi abrupt et totalement dépourvu de tact.
Comment mon grand-père, ce loup-garou si intelligent et influent, avait-il pu se montrer aussi aveugle concernant mon mariage ?
Point de vue de Wendy :
La jalousie me brûlait le cœur, et je piétinai de frustration en voyant Caden et Rosaline monter dans la même voiture.
Cette femme sans vergogne !
Si c’était moi qui étais fiancée à Caden, c’est moi qui serais assise dans cette voiture à ses côtés. Rosaline n’avait qu’à disparaître !
Ce soir, elle avait gagné, mais cela ne voulait pas dire qu’elle continuerait à gagner. Nous étions sur le territoire de la Meute de l’Éclipse. Ce n’était pas un endroit où une Omega de Frostmoore pouvait se comporter comme bon lui semblait.
Je sortis mon téléphone et composai un numéro.
— Je me souviens que tu voulais être amie avec moi, la dernière fois. Eh bien, si on doit vraiment être amies, tu devrais m’offrir un petit cadeau pour montrer ta sincérité, tu ne crois pas ?
Au bout du fil, c’était Stella, la cheffe du secrétariat du Groupe Eclipse. Je l’avais aperçue une fois lors d’un banquet. Elle avait toujours voulu s’introduire dans mon cercle, mais les autres loups garous lui avaient bien fait comprendre qu’elle n’était pas la bienvenue.
Maintenant que c’était moi qui l’appelais, elle n’avait plus le choix que de se montrer aimable.
Comme prévu, dès qu’elle entendit ma voix, son ton devint mielleux, presque servile :
— Bien sûr, Mademoiselle Crawford ! Que puis-je faire pour vous ?
— C’est simple. Rosaline travaille sous tes ordres maintenant, non ? Je suis sûre que tu peux lui rendre la vie un peu difficile, pas vrai ? Si tu fais bien les choses, je t’offrirai ce que tu voudras, un nouveau sac, ce que tu veux.
Stella hésita un instant, puis sa voix s’emplit d’enthousiasme.
— Ah, vous êtes vraiment généreuse, Mademoiselle Crawford ! Ne vous inquiétez pas, je m’en occupe.
Je ne pus m’empêcher de ricaner intérieurement. Elle était décidément une louve de second rang. Un simple sac de luxe suffisait à acheter sa loyauté.
— Tu es sûre de pouvoir gérer ça ?
— Évidemment. Rosaline n’est qu’une secrétaire. Monsieur Holbrook ne se soucie même pas d’elle, et personne ne lui accorde d’importance. La faire souffrir, ce sera un jeu d’enfant.
Savoir que Caden ne se souciait pas de Rosaline au travail me fit un bien fou.
— Parfait. Si tu t’y prends bien, tu seras largement récompensée.