Chapitre 4 Le début de la fin
Le soleil se couchait sur la ville, baignant les gratte-ciels d'une lumière dorée. Victor Dumont sortit de son bureau, sa mallette en main, et se dirigea vers l'ascenseur. Il avait prévu de rentrer tôt ce soir, mais un message d'Isabella avait changé ses plans.
« J'ai réservé une table au Belvedere. Rejoins-moi. Nous devons parler. »
La demande d'Isabella était claire et impérieuse. Victor ne pouvait pas refuser. Depuis qu'il s'était rapproché d'elle, sa vie avait pris un tournant inattendu, un mélange enivrant de passion et de mystère. En descendant l'ascenseur, il envoya un message rapide à Sophie, prétextant une réunion imprévue. Il savait qu'elle n'y croirait qu'à moitié, mais il n'avait pas la force de confronter la vérité ce soir.
Le Belvedere était un restaurant chic en bordure de la ville, connu pour sa vue panoramique et sa cuisine exquise. Isabella était déjà installée à une table près de la fenêtre, ses yeux brillants de malice lorsqu'elle le vit entrer.
« Bonsoir, Victor », dit-elle en se levant pour l'embrasser sur la joue. « J'espère que tu as passé une bonne journée. »
« Aussi bonne que possible, Isabella. Merci de m'avoir invité », répondit-il en s'asseyant.
Le dîner se déroula dans une atmosphère de détente et de complicité. Isabella savait exactement comment apaiser les tensions de Victor, lui offrant une échappatoire bienvenue à ses soucis domestiques. Alors que les plats exquis s'enchaînaient, elle posa délicatement sa main sur la sienne.
« Victor, je veux passer plus de temps avec toi », dit-elle, sa voix douce mais déterminée. « Pas seulement dans ces moments volés, mais de manière plus significative. »
Victor la regarda, sentant un mélange de désir et de culpabilité monter en lui. « Isabella, tu sais combien ma situation est compliquée. Sophie et moi... nous avons une histoire longue et compliquée. »
Isabella serra légèrement sa main. « Je comprends, Victor. Mais tu dois penser à ton bonheur. Tu ne peux pas continuer à vivre dans le mensonge et la culpabilité. »
Les mots d'Isabella résonnaient en lui. Elle avait raison, et pourtant, il se sentait piégé entre ses responsabilités et ses désirs. « Que veux-tu que je fasse ? » demanda-t-il finalement, la voix lourde de résignation.
« Passe plus de temps avec moi. Nous pouvons aller à Paris pour quelques jours. Un voyage d'affaires, officiellement. Personne n'a besoin de savoir. »
Victor réfléchit un instant, tentant de peser le pour et le contre. L'idée de s'échapper, même brièvement, était tentante. « D'accord, Isabella. Organise le voyage. Je trouverai une excuse pour Sophie. »
Isabella sourit, satisfaite. « Parfait. Fais-moi confiance, Victor. Tout ira bien. »
***
Pendant ce temps, à la maison, Sophie commençait à assembler les pièces du puzzle. Les absences fréquentes de Victor, ses excuses de plus en plus bancales, les murmures qu'elle avait entendus lors des événements mondains... Tout semblait pointer vers une seule conclusion : Victor la trompait.
Ce soir-là, après avoir reçu le message de Victor, Sophie décida de fouiller son bureau à domicile. Elle n'aimait pas l'idée de violer sa vie privée, mais elle avait besoin de réponses. En ouvrant le tiroir de son bureau, elle tomba sur une série de factures et de reçus. Parmi eux, un reçu récent pour un dîner au Belvedere, daté de ce soir même.
Les mains tremblantes, elle prit une profonde inspiration et fouilla davantage. Elle trouva un dossier marqué « Personnel », et en l'ouvrant, découvrit des photos d'Isabella, des notes de rendez-vous et des lettres passionnées. Le choc et la trahison la frappèrent de plein fouet.
Lorsqu'elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir, elle rangea rapidement les papiers et descendit, déterminée à confronter Victor. Il était tard, et Victor entra, visiblement fatigué, mais Sophie pouvait voir la lueur de culpabilité dans ses yeux.
« Bonsoir, Victor », dit-elle, tentant de garder son calme.
« Bonsoir, Sophie », répondit-il en enlevant sa veste. « Désolé pour le retard, la réunion a duré plus longtemps que prévu. »
Sophie serra les poings, luttant pour contenir sa colère. « Nous devons parler. »
Victor soupira, sachant que la confrontation était inévitable. « D'accord. De quoi s'agit-il ? »
« De toi. De nous. De tes mensonges. »
Victor sentit une boule se former dans son estomac. « Sophie, je... »
« Ne mens pas, Victor. Je sais tout. » Elle brandit le reçu du Belvedere. « Tu étais là ce soir avec elle, n'est-ce pas ? »
Il ne répondit pas, ce qui en disait long. Sophie continua, la voix tremblante. « J'ai trouvé tes papiers. Tes photos. Tes lettres. Comment as-tu pu me faire ça, Victor ? Après tout ce que nous avons traversé ? »
Victor baissa les yeux, incapable de soutenir son regard. « Sophie, je suis désolé. Je ne voulais pas que cela arrive. »
« Mais c'est arrivé », répondit-elle, les larmes coulant sur ses joues. « Tu m'as trahie, Victor. Comment pourrais-je te pardonner cela ? »
Il tenta de s'approcher d'elle, mais elle recula, levant une main pour le repousser. « Ne me touche pas. Tu as tout détruit. »
Victor se sentit impuissant, submergé par la culpabilité et la douleur. « Je suis prêt à faire tout ce qu'il faut pour arranger les choses, Sophie. Donne-moi une chance. »
Sophie secoua la tête. « Il est trop tard, Victor. Je ne peux plus te faire confiance. »
Le silence s'installa, lourd et oppressant. Finalement, Sophie prit une profonde inspiration. « Je vais demander le divorce. C'est la seule solution. »
Les mots frappèrent Victor comme un coup de poignard. « Non, Sophie, s'il te plaît... »
« C'est fini, Victor. Nous avons besoin de temps et d'espace. Peut-être que, avec le temps, nous pourrons trouver un moyen de coexister pour le bien des enfants, mais pour l'instant, je ne veux plus te voir. »
Victor se sentit dévasté, mais il savait qu'il ne pouvait pas la forcer à rester. « D'accord, Sophie. Si c'est ce que tu veux. Je suis désolé. »
Elle le regarda une dernière fois, la douleur et la déception clairement visibles dans ses yeux. « Tu aurais dû y penser avant de me trahir. »
Victor regarda Sophie monter les escaliers, chaque pas résonnant comme un coup de marteau sur son cœur. Il resta là, dans le salon, incapable de bouger, réalisant que ses actions avaient détruit ce qu'il avait de plus précieux.
Les jours suivants furent un tourbillon de discussions légales et de préparatifs pour le divorce. Sophie contacta un avocat, et Victor fit de même, bien que chaque conversation avec son propre avocat lui donnait un goût amer dans la bouche. Il n’avait jamais imaginé que sa vie prendrait une telle tournure.
Isabella, de son côté, était ravie. Elle avait réussi à éloigner Victor de Sophie, et maintenant, elle avait une emprise plus forte sur lui. Pourtant, même si Victor continuait de la voir, une ombre de doute et de regret planait constamment au-dessus de lui. La douleur de la trahison envers Sophie, l’amour qu’il avait perdu, et la complexité de ses émotions tourmentaient son esprit.
Un soir, alors qu’il était avec Isabella dans leur suite habituelle, il ne put s’empêcher de penser à Sophie. Isabella, remarquant son silence inhabituel, posa une main douce sur son bras.
« Qu’y a-t-il, Victor ? Tu sembles ailleurs. »
Il la regarda, ses yeux tristes et fatigués. « Isabella, je ne sais plus quoi faire. Tout ce que je ressens, c’est la douleur et la culpabilité. »
Isabella se rapprocha de lui, essayant de le consoler. « Tu as fait ce qu’il fallait, Victor. Sophie n’était pas la bonne personne pour toi. »
Victor secoua la tête. « Je l’aimais, Isabella. J’aimais notre vie ensemble, malgré les problèmes. Et maintenant, tout est parti en fumée. »
Isabella sentit une pointe de jalousie, mais elle masqua habilement ses émotions. « Peut-être que le temps guérira ces blessures, Victor. En attendant, je suis là pour toi. »
Victor hocha la tête, reconnaissant pour son soutien, mais une part de lui savait que ce vide ne serait pas comblé si facilement. Il avait sacrifié beaucoup pour être avec Isabella, et maintenant, il devait faire face aux conséquences.
Les tensions à la maison se transformèrent en un climat glacial. Sophie et Victor ne se parlaient que lorsque c’était absolument nécessaire, leurs interactions étant purement transactionnelles. Les avocats prenaient en charge les papiers et le divorce fut prononcé.
Ainsi, le destin de Victor Dumont bascula irrémédiablement vers l'abîme, emportant avec lui les vestiges de son passé et les promesses incertaines de son avenir. La route vers la rédemption semblait s'éloigner de plus en plus, laissant derrière lui un homme brisé et seul, incapable de trouver la lumière dans les ténèbres de ses propres choix.
Le début de la fin était là, implacable et inévitable, marquant la fin d'une ère et le début d'une nouvelle tragédie dans la vie de Victor Dumont.