Chapitre 2 : Échec
Emmanuel tourna à droite à la porte et trouva finalement la table numéro huit dans la salle à manger commune. Comme on pouvait s'y attendre, une femme qui semblait à bout de patience était assise à la table. Vêtue d'une tenue professionnelle qui mettait en valeur ses belles courbes, elle faisait plaisir à voir.
Même si elle était loin d'avoir l'élégance de Mackenzie, il était indéniable qu'elle avait le pouvoir de faire tomber les hommes sous son charme. Emmanuel n'était absolument pas déçu. En effet, il était bien conscient de ses propres qualités. Sans perdre davantage de temps, il se redressa et s'approcha de la femme avec un sourire.
- Excusez-moi pour le retard ! Je m'appelle Emmanuel Lowe. Je suis âgé de vingt-huit ans, j'exerce le métier de gynécologue, pour un salaire annuel de quatre-vingt mille euros.
- Stop ! interrompit froidement la femme avant qu'il ne puisse terminer son discours.
- Qu'est-ce que ça signifie ? Avec si peu à offrir, pensez-vous réellement qu’une femme voudrait devenir votre épouse ? Et malgré cela vous avez le toupet d’être en retard ! De quel droit vous permettez-vous de faire attendre une dame ? Ce rendez-vous est une perte de temps totale.
- Hmph !
Après une avalanche de questions, cette femme en colère balança un verre d'eau sur le visage d'Emmanuel.
Pris au dépourvu, ce dernier fut instantanément trempé.
Cependant, Emmanuel ne se démonta pas. Après tout, il était en retard parce qu'il s'était trompé d'endroit, il pouvait donc comprendre pourquoi la femme était vexée.
- Hmph ! À vingt-huit ans, vous ne gagnez que quatre-vingt mille euros par an. Pas étonnant que vous vous débrouilliez si mal ! Non seulement vous n'êtes pas ponctuelle, mais vous ne semblez pas non plus prendre la vie au sérieux. Vous êtes condamné à être en bas de la hiérarchie sociale toute votre vie ! Que vous ayez eu le courage de vous présenter à ce rendez-vous me choque au plus haut point... Arrêtez de délirer !" gronda la femme en lançant un regard de mépris à Emmanuel.
Dans la foulée, elle prit son sac et sortit en trombe, sans même prendre la peine de dire son nom.
Pour ne rien arranger, elle agita un paquet de billets devant la figure d'Emmanuel, puis le jeta violemment sur la table en guise de règlement de l'addition.
Le regard d'Emmanuel s'assombrit aussitôt et un sentiment de rage l'envahit.
Qu'elle humiliation ! Je ne suis peut-être pas très exigeant en matière de mariage, mais cela ne signifie pas que je n'ai pas de tempérament ! Argh ! Je voudrais tellement lui faire regretter ses actes, mais je sais que je n'en ai pas les moyens…
La femme étant partie, Emmanuel quitta lui aussi le café, la mine déconfite.
Il était à peine sorti qu'il vit, à sa grande surprise, un homme aux cheveux longs percuter délibérément une BMW et hurler de douleur.
Emmanuel ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Oh, mon Dieu. Cet homme est clairement en train de simuler un accident de voiture. Mais pourquoi y a-t-il tant de problèmes dans ce café aujourd'hui ?
- Ah ! Quelqu'un a été touché !
- Argh ! J'ai la jambe cassée ! Assassin !
Au même moment, quatre hommes se précipitèrent pour se joindre à l'agitation lorsque l'homme aux cheveux longs se jeta sur le sol.
Fort heureusement, Emmanuel avait bien compris leur stratagème. Aaaah ! Ces hommes doivent être les complices !
Tout à coup, une jeune dame sortit précipitamment de la BMW, vêtue d’une robe marronne sans manches qui laissait voir une bonne partie de sa peau tendre et claire.
Elle était incroyablement sexy, avec ses longues jambes galbées et son décolleté qui se détachait de l'encolure, il n'y avait rien à redire, elle était incroyablement sexy et séduisante.
- Que se passe-t-il ? Comment aurais-je pu casser votre jambe alors que je roulais aussi lentement ? dit-elle anxieusement.
Aussitôt, les complices de l'homme aux cheveux longs entourèrent la femme, exigeant une compensation.
- Arrêtez de raconter des conneries et payez ! Vous devez le dédommager tout de suite !
De nombreuses personnes dans le café avaient été témoins de la mascarade, mais elles avaient si peur des grands hommes costauds que personne n'osait les confronter.
- Combien voulez-vous ? marmonna impuissamment la femme, qui s'était résignée à devoir régler l'affaire à l'amiable.
Cependant, la bande de voyous se mit à lorgner sur sa poitrine et à baver sur elle.
- Haha. Hey, sexy, pourquoi tu ne t'amuses pas avec nous ? lança l'un des hommes en tirant sans vergogne sur sa robe.
Ainsi, ce qui n'était au départ qu'une grossière mise en scène d'un accident se transforma rapidement en harcèlement sexuel en public. Effrayée, la jolie femme recula en titubant jusqu'à ce qu'elle heurte Emmanuel.
Contrairement aux voyous, Emmanuel ne profita pas d'elle, mais se mit devant elle et lança un regard noir à l'homme aux cheveux longs.
- Vous avez la jambe cassée, et vous demandez un dédommagement, hein ?
Les voyous eurent des frissons en voyant l'expression menaçante d'Emmanuel.
Pendant ce temps, Mackenzie était assise dans le café et regardait toute la scène se dérouler.
Tiens, tiens, tiens. Qui aurait cru que cet homme serait si courageux ? Je suis sûr que personne d'autre n'aurait eu le courage d'affronter cinq voyous.
Quelques instants plus tard, Emmanuel surprit tout le monde en donnant un violent coup de pied dans la jambe de l'homme aux cheveux longs.
- Aie ! hurla ce dernier en se mettant à sautiller sur la jambe qui était supposée être cassée.
Aussitôt, les passants poussèrent un soupir collectif.
Bonté divine ! Quelle audace !
Mackenzie aussi, avait esquissé un sourire. Comme le café était l'une de ses propriétés, elle avait naturellement vu comment s'était déroulé le rendez-vous d'Emmanuel.
Je le prenais pour un lâche parce qu'il ne s'était pas enflammé lorsque la femme a renversé son verre sur lui. Qui aurait pu deviner qu'il est juste un gentleman qui ne perd pas son sang-froid face aux femmes ? Je dois admettre qu'il est plutôt charmant quand il montre son côté ferme !
- C'est quoi, ça ? N'avez-vous pas dit que votre jambe était cassée ? Je suis surpris que vous puissiez encore sauter dessus ! Se moqua Emmanuel.
Quand les gens se rendirent compte que l'homme aux cheveux longs avait menti à propos de sa jambe cassé, ils s'empressèrent de le réprimander et condamner son comportement.
Entre-temps, les autres voyous avaient aussi perdu leur assurance et s'étaient tus. Après tout, ils savaient que les rôles étaient inversés.
- Pfff. Pour cette fois, je te laisse t'en tirer, sale gosse ! Tu ferais mieux de surveiller tes arrières, prévint l'homme aux cheveux longs avant de s'enfuir la queue entre les jambes.
Après quoi, la jolie femme adressa un sourire chaleureux à Emmanuel et lui fit signe de monter dans sa voiture.
- Hé, bel homme, merci beaucoup de m'avoir aidée. Voulez-vous passer prendre un verre chez moi ?".
Emmanuel déclina son invitation sans la moindre hésitation.
- Non, merci, je suis attendu ailleurs !
La femme ne put s'empêcher de taper du pied, frustrée de constater qu'Emmanuel était insensible à ses avances.
Mais qu'est-ce que... Ne suis-je pas à son goût ? J'ai déjà fait le premier pas, alors pourquoi ne veut-il pas me rendre la pareille ?
Une fois de retour au café, le grand-père de Mackenzie se mit à rire à gorge déployée.
- Haha ! Je te l'avais bien dit, Mackenzie ! Cet homme est de bonne moralité ! Ton assistante, Lexi, est une femme magnifique, et pourtant il refuse de lui accorder la moindre attention ! Tu n'auras pas à craindre qu'il te trompe une fois que vous serez mariés !
Au fur et à mesure que Mackenzie ruminait les paroles de Terence, son opinion sur Emmanuel s'améliorait.
Ce que je déteste chez les hommes, c'est le fait qu'ils soient toujours si libidineux... Néanmoins, Emmanuel Lowe semble être l'exception !
- Ne te réjouis pas trop vite, grand-père ! La plupart des hommes sont attirés par l'apparence ou par l'argent, répondit froidement Mackenzie avant de se lever.
Ha ! Je verrais bien si Emmanuel pourra réussir mon deuxième test secret de caractère !
Pendant ce temps, Emmanuel était rentré à la maison après que son rendez-vous ait été un échec retentissant.
Inutile de préciser que sa sœur, Roselynn Lowe, était frustrée au plus haut point.
- Encore ? Un autre rendez-vous raté ?
C'est la dix-huitième fois, pour l'amour du ciel ! Mon frère est pourtant un jeune homme d'un mètre quatre-vingt-dix, en pleine forme et très intègre. Pourquoi ne plait-il pas aux femmes ? Il est peut-être un peu empoté parfois, ce qui est sûr, c'est que quelqu'un finira bien par aimer son physique, n'est-ce pas ?
Alessandra Cadigan, la mère d'Emmanuel, parut encore plus anxieuse alors qu'elle l'entraînait précipitamment hors de la maison.
- Mais maman, que fais-tu ? demanda Emmanuel, surpris par I ‘état de panique d'Alessandra.
- Ce que je fais ? Je me fais un sang d'encre pour toi ! gronda la maman sans se relâcher.
- Je n'y comprends plus rien. Notre voisin est un romancier de vingt-huit ans, négligé, toujours enfermé chez lui, et pourtant il projette déjà d'avoir un deuxième enfant ! Pourquoi mon fils n'a-t-il pas de petite amie ? La dame n'est même pas restée pour le rendez-vous amoureux, n'est-ce pas ? J'ai payé cher pour t'arranger ça ! Allons la voir chez elle tout de suite !
- Pardon ? S'exclama Emmanuel.
Ai-je bien entendu ? Je n'arrive pas à croire que maman soit devenue aussi désespérée ! Le rendez-vous a été un échec total, alors pourquoi persiste-t-elle à vouloir me traîner chez cette femme ? Ne vais-je pas me ridiculiser davantage ?