Chapitre 6 T’es un menteur
Dès qu'il vit Jared émerger, William fut ravi. Sans perdre de temps, il courut alors vers lui.
– Tu es enfin arrivé, jeune homme. Par ici, s'il te plaît.
S'accrochant à la main de Jared, William poussa un soupir de soulagement.
– Monsieur Sullivan, puisque je vous ai fait une promesse, je me devais de la respecter.
Jared savait que William craignait qu'il le laisse tomber.
Se sentant gêné, William ne put que sourire maladroitement.
– Après toi, jeune homme.
Vu la serviabilité de William, tout le monde dans l'hôtel se demandait qui était Jared.
Lorsque Joséphine vit le jeune homme marcher fièrement, contrairement à son père qui lui obéissait, elle s'emporta.
– Quel est ton problème ? Mon père t'a attendu à l'entrée pendant une demi-heure, et tu n'as pas remarqué que son état semblait se détériorer ? Sais-tu au moins comment soigner une personne ?
Joséphine en voulait à Jared depuis le début. Cependant, après avoir été impressionnée par la façon dont il avait empêché l'état de son père de s'aggraver, elle lui accorda le bénéfice du doute.
Peu de temps après, lorsqu'elle remarqua que les joues de William reprenaient une couleur pâle, elle pensa que Jared était un escroc cherchant à leur soutirer de l'argent.
– Joséphine, arrête de faire des histoires et excuse-toi immédiatement, gronda William d'un air sévère.
– Il est hors de question que je le fasse. Écoute, il est à peine un adulte. Comment peut-il être un médecin miracle ? Je pense qu'il n'est rien d'autre qu'un escroc.
Jetant un regard noir à Jared, elle était convaincue que c'était à cause de lui que William ne voulait pas voir le médecin.
Lorsque Joséphine refusa de lui obéir, William devint tellement furieux qu'il commença à avoir du mal à respirer.
Kof ! Kof !
Alors qu'il s'apprêtait à parler, William se mit à tousser de manière intense.
– Papa !
Joséphine se précipita pour soutenir son père.
Cependant, elle fut effrayée en voyant le sang noir que ce dernier avait craché.
À la vue de cette scène, Jared fronça les sourcils. De toute évidence, la blessure de William était plus grave qu'il ne le pensait. En fait, il était surpris de voir comment l’homme avait réussi à survivre aussi longtemps.
– Vite, amenons ton père dans une chambre, ordonna Jared à Joséphine, qui était déjà en proie à la panique.
Malheureusement, elle ne bougea pas du tout car elle ne faisait pas confiance à Jared.
Fronçant les sourcils devant l'inaction de Joséphine, Jared s’est emporté :
– Tu veux le voir mourir ?
Après s'être fait crier dessus, Joséphine a rapidement aidé William à se rendre dans une chambre privée de l'hôtel.
À l'intérieur, Jared chercha immédiatement le pouls de William. Cependant, son expression était devenue sombre au moment où il l'a fait.
Alors qu’il s’occupait William, un homme à lunettes vêtu d'une blouse blanche fit irruption dans la pièce.
– Dr Watson, vite ! Regardez mon père. Il vient de vomir du sang !
Dès qu'elle l’a vu, Joséphine a eu l'impression de saisir une lueur d'espoir.
– Que se passe-t-il ? Laisse-moi voir.
Jonathan, le médecin, ouvra rapidement sa trousse à pharmacie.
– Éloigne-toi.
Joséphine écarta Jared et brandit William.
– Dr Watson, la vie de mon père est entre vos mains. S'il vous plaît, sauvez-le ! Le supplia-t-elle.
À ce moment-là, William était sur le point de perdre connaissance, sa respiration est de plus en plus difficile.
– Ne vous inquiétez pas, Mme Sullivan. Je ferai de mon mieux.
Tout en parlant, Jonathan commença à prendre le pouls de William.
Plus il le faisait, plus le froncement de sourcils de Jonathan devenait intense. Joséphine fut déstabilisée lorsqu'elle remarqua son expression et n'osa pas faire un bruit.
– Madame Sullivan, le poumon blessé de M. Sullivan est la cause de son mal caché. Il s'agit d'une maladie chronique qui doit être traitée lentement. Cependant, quelqu'un a poussé son système immunitaire à se surmultiplier. Bien que cela puisse sembler efficace à court terme, ceci ne ferait qu'aggraver son état. Je crains que M. Sullivan ne soit dans une situation précaire. Avant que je ne vienne, qui avez-vous amené M. Sullivan voir ? Expliqua Jonathan d'un ton grave.
En entendant les paroles du médecin, Joséphine entra dans une colère noire et regarda en direction de Jared. C'était lui qui avait soigné son père tout à l'heure. Et tout s'était passé comme le médecin l'avait décrit. L’état de son père s’était amélioré, mais la méthode de Jared n’a fait que l’aggraver.
– Espèce d'escroc ! S'il arrive quelque chose à mon père, je ne te le pardonnerai jamais ! rugît Joséphine contre Jared, la mine renfrognée.
Sans le fait qu'elle soutenait William et qu'elle ne pouvait pas partir, elle se serait jetée sur Jared pour le frapper.
– Comment peux-tu m'accuser d'être un escroc ? T’ai-je trompée sur quoi que ce soit ? Si je n’avais pas été là, ton père serait déjà un cadavre. Je n'arrive pas à croire que tu puisses être aussi ridicule ! Ricana Jared.
Il détestait que Joséphine continue de le traiter d’arnaqueur et qu'elle se comporte aussi hautainement malgré le fait qu'elle soit une femme.
– Tu…
Même si elle se sentait courroucée, Joséphine savait que la priorité était de sauver son père, et que ce n'était pas le moment de discuter avec Jared.
– Dr Watson, je vous en supplie, trouvez un moyen de le sauver. S'il vous plaît...
Joséphine se sentait si désemparée qu'elle était au bord des larmes.
Ouvrant sa trousse médicale, Jonathan en a sorti une pilule noire qu'il a mis dans la bouche de William. Ensuite, il a ouvert un sac d'aiguilles argentées, lesquelles il a inséré dans les points d'acupuncture du malade.
– Ce n'est pas en faisant cela qu'on le sauvera. Vous ne ferez qu’aggraver son état, a commenté Jared en voyant la technique d'acupuncture de Jonathan, ce qui fit froncer les sourcils de ce dernier.
– Qu'est-ce que tu veux dire ? Tu doutes de moi ? Ne me dis pas que tu connais l'acupuncture.
L'acupuncture faisait partie de la médecine traditionnelle. Contrairement à la médecine moderne, où l'on pouvait la maîtriser entre trois et cinq ans, il fallait au moins huit à dix ans avant de pouvoir la maîtriser. En fait, certains n'y parvenaient même pas malgré des décennies d'apprentissage.
Étant donné que Jared ne semblait avoir qu'une vingtaine d'années, Jonathan se disait qu'il n'y avait aucune chance qu'il soit un maître en la matière, même s'il avait commencé à apprendre dans le ventre de sa mère.