Chapitre 7 Tout donner
– Qu'est-ce que tu racontes ? On n'a pas besoin de toi ici. Va-t-en ! aboya Joséphine, car elle craignait que Jared ne perturbe le traitement.
– Très bien. C'est toi qui m’as demandé de partir. J'attendrai dans le couloir. Dans moins de cinq minutes, tu reviendras me supplier de revenir.
Dès qu'il eut terminé, Jared ouvrit la porte et sortit.
Après son départ, plus personne ne s'occupa de lui. Pendant ce temps, Jonathan continuait soigneusement le traitement d'acupuncture de William. Très vite, il était entièrement trempé de sueur.
Après avoir inséré la dernière aiguille, William reprit peu à peu conscience et ouvrit les yeux.
– Papa ! Mon père est réveillé, docteur Watson. Il est réveillé. C'est merveilleux ! , s’est écriée Joséphine avec jubilation, les larmes aux yeux.
Il y a quelques instants, elle craignait qu'il n’ouvre plus jamais les yeux.
Lorsque Jonathan vit que William était réveillé, il poussa lui aussi un soupir de soulagement. Après tout, il n'avait guère confiance en ses capacités.
Malheureusement, au moment où Joséphine et Jonathan ont poussé un soupir de soulagement, William s'est mis à trembler violemment. Il avait l'air de souffrir atrocement, son visage commençait à devenir violet.
– Papa ! Papa ! hurla Josephine avant de se tourner vers Jonathan, paniquée.
– Dr Watson, pourquoi cela arrive-t-il ?
À ce moment-là, même Jonathan se sentait si angoissé qu'il ne savait plus où donner de la tête.
– Je ne sais pas non plus. Comment en est-on arrivé là ?
– À qui le demandez-vous ? C'est vous le médecin ! Joséphine lança un cri de désespoir à la doctoresse.
Au même moment, les frissons de William commencèrent à s'estomper avant qu'il ne s'arrête enfin de bouger. On ne sentait même plus son pouls.
En observant le changement chez William, Jonathan sentit sa panique s'intensifier. Si quelque chose arrivait à ce dernier, il devrait en subir les conséquences.
– Papa, ne me fais pas peur... Ne me fais pas peur...
Joséphine se mît à pleurer.
– Madame Sullivan, emmenons votre père à l'hôpital. Je suis à court d'idées ! Suggérera Jonathan avec angoisse.
Il voulait envoyer William à l’hôpital pour se décharger de sa responsabilité. En fait, si Monsieur Sullivan mourait à l'hôpital, ce ne serait absolument pas de sa faute.
– Me prenez-vous pour une imbécile ? Vu l'état de mon père, il n'y a aucune chance qu'il arrive à l'hôpital ! Vous ferez mieux de le sauver ! Sinon, ne croyez pas que vous vous en sortirez indemne ! Explosa-t-il, ayant perdu l'esprit rationnel.
La famille Sullivan était la plus riche de Horington. Détruire un humble médecin ne leur prendrait pas plus qu'un simple claquement de doigts.
Jonathan était terrorisé par la menace de la jeune femme. Néanmoins, il était à court d'idées. Soudain, il pensa à Jared et suggéra rapidement :
– Madame Sullivan, le type qui vient de sortir ; il a peut-être une solution. Je pense qu'il doit en savoir un peu plus.
En entendant cela, Joséphine se rappela soudain de Jared. Pourtant, elle n'ignorait pas que Jonathan l'avait regardé de haut tout à l'heure et qu'il sollicitait maintenant. Manifestement, Jonathan avait l'intention de laisser Jared porter le chapeau.
Une fois que Jared serait intervenu pour soigner William, Jonathan pourrait se décharger de toute responsabilité.
Après un moment d'hésitation, Joséphine lâcha William qui s'affaissa dans son fauteuil et sortit de la pièce.
À ce moment précis, Jared était assis le long du couloir, attendant que Joséphine vienne le voir.
Voyant l’homme, elle s’est précipitée vers lui. Au moment où elle voulait parler, elle réalisa soudain qu'elle ne savait pas du tout comment s'adresser à lui.
– S'il te plaît, viens sauver mon père, je t’en supplie, supplia Joséphine avec une expression maladroite.
Lorsque Jared leva progressivement la tête vers elle, celle-ci détourna le regard, car elle n'osait pas établir un contact visuel. Il n'y a pas si longtemps, elle le réprimandait, mais maintenant, elle était en train de le supplier.
– Crois-tu maintenant que je peux sauver ton père et que je ne suis pas un escroc ? Demanda Jared.
Joséphine garda le silence, car elle ne savait pas quoi répondre. Bien qu’elle ne lui fasse pas encore entièrement confiance, mais elle n'avait pas d'autre choix.
En observant la réaction de la femme, Jared ne put s’empêcher de rire. Il décida de ne pas lui compliquer la tâche et se leva pour retourner dans la chambre.
Lorsque Joséphine suivit Jared à l'intérieur, elle vit Jonathan faire les cent pas, la tête couverte de sueur.
Dès que le médecin aperçut Jared, il eut l'impression de voir son sauveur. Il s’en foutait que Jared soit capable ou pas de ranimer William. Il voulait simplement rejeter la responsabilité sur lui une fois que ce dernier aurait pris le contrôle de la situation.
Se baissant, Jonathan supplia :
– Je suis désolé pour tout à l'heure, jeune homme. S'il te plaît, sauve M. Sullivan !
Considérant qu'il pouvait potentiellement tout perdre, Jonathan estimait que la politesse ne ferait pas de mal.
Après avoir jeté un coup d'œil à William, Jared soupira.
– On dirait que je vais devoir me donner à fond pour le ranimer.
Se tournant vers Jonathan, Jared demanda :
– Avez-vous encore des aiguilles d'argent ?
– Oui, elles sont dans le sac médical.
Jonathan tendit rapidement un sac d'aiguilles d'argent à Jared.
– Ce n'est pas assez ! Déclara Jared en secoue la tête.
– Pas assez ? S’exclama Jonathan, stupéfait.
–Le sac contient trente aiguilles. Comment cela peut-il ne pas être suffisant ?
En acupuncture, toute personne capable d'insérer plus de dix aiguilles était considérée comme impressionnante. Même le président de l'Association de médecine traditionnelle, John Jacobson, qui était également connu comme un médecin miracle, ne pouvait insérer qu'une vingtaine d'aiguilles. Par conséquent, trente aiguilles étaient plus que suffisantes.
– Ce n'est pas le cas. Il m'en faut plus ! Répondit Jared.
– Combien te faut-il ? Demanda Jonathan avec précaution.
– Quatre-vingt-une aiguilles !
Jonathan fut stupéfait par cette réponse.
Soudain, ses yeux se remplirent d'horreur. Cependant, il se contenta d’obéir en silence.
Après avoir reçu les aiguilles, Jared posa le corps de William à plat sur le sol. En se déplaçant ambidextrement, il lui inséra rapidement les aiguilles dans le corps.
À ce moment-là, des sueurs froides commencèrent à perler sur le front de Jared. Il avait l'air de déployer beaucoup d'énergie, à tel point que ses vêtements étaient trempés.
Lorsque la dernière aiguille fut insérée dans William, il poussa un long soupir. Comme s'il était complètement vidé, il laissa tomber ses fesses sur le sol pour s'asseoir.
Pendant tout ce temps, Joséphine observait nerveusement la scène. Elle ne connaissait pas grand-chose à l'acupuncture, par conséquent, elle voulait que Jared lui explique les choses. Cependant, elle craignait en même temps de le perturber.
Quant à Jonathan, qui était déjà décontenancé depuis le début, avait la bouche grand ouverte qu'on aurait pu y faire entrer un œuf.
Peu de temps après, le choc de Jonathan s'est transformé en joie. Dans un bruit sourd, il posa les genoux au sol devant Jared.
Ce mouvement soudain effraya Jared et Joséphine.