Chapitre 10 Une bonne leçon à apprendre
Huit agents de sécurité se précipitèrent et ils éloignèrent de force les Hatchers lorsqu'ils virent le signal que fit Anthony. Ils se plaignaient en traînant les Hatchers hors du manoir.
- M. Anthony vous a demandé de partir. Vous êtes sourds ou quoi ?
- Pourquoi vous causez tout le temps des problèmes ? C’est pénible à force !
Le tumulte provoqué par l’arrivée des Crawfords attisa la curiosité des maisons aux alentours. Certaines personnes prétendaient prendre le thé sur leur balcon, alors que d'autres faisaient semblant de promener leur chien. Ils attendaient tous que les Hatchers se fassent honte à eux-mêmes.
Richard et Paula étaient rouges de honte et de colère. C'est notre maison. Comment les Crawfords osent nous chasser de la sorte ? Ils ne sont vraiment pas raisonnables !
Les Hatchers étaient habitués à mener une vie de luxe et ne pouvaient pas tolérer un tel manque de respect. Néanmoins, ils devaient supporter ces mauvais traitements car ils étaient face à la fameuse famille Crawford. Ils devaient rester au portail et attendre que les Crawfords quittent leur maison.
Pendant ce temps-là, Lilly continuait de divertir le perroquet maintenant que les Hatchers n'étaient plus là pour la distraire elle : allez, Polly ! Regarde ça un peu ! Elle leva la main et révéla une moitié de pomme. Elle avait caché la pomme que Gilbert avait épluchée avant de quitter l'hôpital ce matin.
Polly se mit à tournoyer sur la branche comme s'il évaluait les Crawfords, qui se trouvaient à une certaine distance. Hugh tenait sa canne de marche solennellement, bien qu'il y ait une lueur d'appréhension dans ses yeux. Gilbert était également préoccupé par toute cette situation. Il aurait souhaité avoir des ailes pour attraper le perroquet. Il était désolé pour Lilly, qui devait lever les bras jusqu'à ce qu'ils lui fassent mal.
- Tiens de délicieuses graines. Tu en veux ? Gilbert parvint à trouver de la nourriture pour perroquet et la tenait dans sa paume.
Lilly hocha la tête avec ferveur et dit : tonton Gilbert est un homme gentil. Descends pour que nous puissions rentrer à la maison, Polly.
Les Crawfords regardaient Gilbert et Lilly interagir de près avec une envie jalouse. Ils n'avaient aucune idée de quand ce duo s’était rapproché de la sorte.
Soudainement, Polly s'envola de l'arbre et atterrit sur la tête de Gilbert. Les Crawfords regardèrent Lilly, incrédules, alors que la petite riait de cette amusante vue. Depuis qu'ils l'avaient rencontrée, elle n'avait démontré aucune émotion et s'était comportée comme un petit robot sans vie. Elle était restée sans expression et prudente pendant tout son séjour de dix jours à l'hôpital.
Les yeux d’Hugh brillaient à cause des larmes qui venaient. Il croyait que la vieillesse l'avait rendu plus émotif et se retrouvait souvent à pleurer sans réussir à se contrôler.
- Bâtard ! Bâtard ! croassa Polly en battant joliment des ailes. Il semblait arrogant parce qu’il avait réussi à faire sourire Lilly.
Lilly ne put s'empêcher de rire une fois de plus. Elle corrigea ensuite Polly avec une expression solennelle : c'est tonton Gilbert, voyons, pas Bâtard !
- GILBY ! GILBY ! cria Polly.
La bouche de Gilbert tressaillit avec une envie de déchiqueter cet oiseau en mille morceaux. Bien qu'il pensait que c’était absurde d'avoir un perroquet coloré sur la tête, ça ne le contrariait pas quand il vit à quel point sa petite nièce était heureuse. Il ouvrit sa paume pour montrer la nourriture au perroquet et pendant que l'oiseau se concentrait sur son repas, il attrapa ses pattes.
L'oiseau gazouilla : sauvez-moi ! Ne me mangez pas ! Ne me mangez pas !
Tout le monde était agacé par le comportement du perroquet. Ils réussirent enfin à enchaîner l’oiseau et à quitter le manoir des Hatchers.
Lilly tapota le perroquet et lui chuchota à l'oreille : ne t'inquiète pas, c'est juste une chaîne. Tu es magnifique avec ça, Polly ! Je te l'enlèverai une fois qu’on sera rentrés à la maison.
Hugh s'appuya sur sa canne et observa le manoir. C'est donc ici que ma précieuse fille chérie a vécu avant de mourir. Je me demande s'ils la nourrissaient comme il se doit. Est-ce qu’elle dormait bien au moins ? Est-ce que quelqu'un s'est occupé d'elle quand elle est tombée malade ? Jouait-elle souvent dans l’arrière-cour ? Regardait-elle souvent par la fenêtre pour observer les arbres ?
Le cœur du vieil homme lui faisait si mal quand il pensait à Jean. Les frères Crawfords ressentaient une pointe de tristesse en voyant leur père dans un état si misérable.
Les Hatchers s'approchèrent des Crawfords quand ceux-ci sortirent du manoir. Ils décidèrent de tenter leur chance avec Lilly, puisque les autres les ont ignorés.
Richard complimenta : notre belle-famille est vraiment douée. Elle a réussi à attraper le perroquet sans trop de difficultés ! Stephen ajouta : est-ce que Lilly aime les perroquets ? Je te promets de t'acheter plus de perroquets à l'avenir, ok ?
La petite fille baissa la tête pour ne pas regarder le faux sourire de son père. Elle serra son lapin et son perroquet fort contre elle en pensant : je ne veux pas beaucoup de perroquets. Tout ce que je voulais, c'était un câlin de mon papa depuis que maman est morte. Mais au lieu de me montrer de l'inquiétude, tout ce qu'il a fait, c'est me frapper et me gronder. Je pensais que papa allait me battre à mort l'autre jour. J'ai toujours cru aux remarques de mamie comme quoi j'étais une fille malchanceuse, aimée de personne. Mais, pendant mon séjour à l'hôpital, mon papy et mes oncles ont été extrêmement gentils avec moi. Ils m'ont parlé et m'ont dit que ce n'était pas ma faute. Je... Je ne veux plus de papa.
Lilly ne savait pas si c'était mal d'avoir de telles pensées négatives. Toutefois, elle rassembla son courage à deux mains et dit : non ! Je ne veux pas que tu m'achètes des perroquets. Je ne veux plus de toi.
Stephen fut stupéfait par l'explosion soudaine de sa fille. Richard et Paula furent également très étonnés de la décision de leur petite-fille de leur tourner le dos de la sorte. Ils pensaient qu'elle avait été influencée par la richesse des Crawfords.
Stephen fronça les sourcils et rugit : Lilly Hatcher ! Bien qu'il sache que sa fille était têtue et ne céderait qu'aux coups, il fit un effort pour éviter les punitions physiques devant les Crawfords.
Paula soupira de manière désapprobatrice et lui dit : même si ton père peut être un peu strict avec toi, tu n'aurais pas dû dire de tels mots si irrespectueux ! Tous les enfants ont besoin d'un père, ma petite !
Richard essaya de changer de sujet en suggérant : quelle enfant ignorante ! Ne devrions-nous pas déjeuner, chère belle-famille ? Nous pourrions prendre le temps de mieux nous connaître comme ça.
- C'est vrai ! C'est si rare que nous nous rencontrions. Jean ne parlait presque jamais de vous, ajouta Stephen joyeusement.
Les Hatchers se succédèrent les uns après les autres pour flatter et souligner leur étroite relation avec les Crawfords.
Edward n’arriva plus à contrôler sa colère en entendant Stephen parler de Jean et comment il avait été un bon mari. Il craqua ses articulations et attrapa l'homme par le cou, le projetant violemment contre le portail du manoir.
Il hurla : vous en avez fini avec ces absurdités ? Vous n'êtes pas dignes d'être notre belle-famille ! Arrêtez un peu avec ces bêtises !
La force du choc contre la clôture métallique fit saigner abondamment la tête de Stephen.
- Nous attendrons dans la voiture. Gilbert porta Lilly et partit sans se retourner.
La famille Crawford ne condamna pas les actions d'Edward. S'ils n'avaient pas dû se concentrer sur Lilly et son perroquet, ils seraient intervenus eux-mêmes.
Stephen fut choqué par cette soudaine attaque. Il avait été prudent avec ses mots et ne savait pas quand il avait offensé l'homme.
- Arrêtez !
Boom !
- S'il vous plaît, arrêtez !
Boom ! Boom !
Richard et Paula regardaient horrifiés leur fils se faire brutalement tabasser. C’était clair qu’une personne comme Edward, un ingénieur en architecture, ne se souciait pas de son comportement. Il attrapait à plusieurs reprises la tête de Stephen et la fracassa contre le mur.
Paula s'écria : arrêtez ! Parlons comme des personnes civilisées, voyons. Nous sommes une famille après tout !
- S'il vous plaît, calmez-vous, Edward, exhorta Richard.
Edward lança un regard furieux au couple âgé et les menaça à leur tour : en général, je ne frappe pas les femmes et les personnes âgées, mais je pourrais faire une exception si la situation l'exigeait. Vous comprenez ce que je veux dire ou je dois vous faire un dessin ? Ne m’en voulez pas si je deviens cruel si vous osez prononcer un mot de plus.
Il cracha par terre et rassembla sa force pour écraser une nouvelle fois la tête de Stephen contre le mur. Puis, il donna un coup de pied à la victime dans sa zone la plus vulnérable, provoquant une douleur immense.
De nombreux voisins se rassemblèrent pour assister à la scène quand ils entendirent les cris de Stephen résonner dans toute la propriété.Edward avait enfin réglé ses comptes. Comment vous osez trahir ma sœur comme ça ? Vous souffrirez pour le reste de votre vie. Vous n'aurez plus jamais d'enfants.
Alors qu'ils voyaient leur fils tourmenté, la peur s'empara du couple âgé. Ils n'osèrent éclater en sanglots qu'une fois les Crawford partis.
- Ils sont complètement fous ? Comment peuvent-ils être si cruels ? Ce sont des animaux ! s'exclama Paula.
Richard, lui aussi, était surpris, car il n'avait jamais rencontré une personne aussi irrationnelle qu'Edward. Il répondit : arrête donc de pleurer. Dépêchons-nous! Nous devons l’emmener à l'hôpital.
Paula sortit immédiatement son téléphone pour appeler une ambulance. À sa grande consternation, sa ligne téléphonique avait été coupée en raison d'un retard de paiement de facture.
Les Hatchers ne pouvaient que regarder Stephen souffrir, car malheureusement pour eux, ils n'avaient pas assez d'argent pour aller voir un médecin.