Chapitre 11 J'ai vu maman
Un groupe de personnes fit irruption dans la pièce alors que Paula et Richard discutaient de leur prochaine action.
- Vous êtes un PDG chanceux, M. Hatcher ! Quand est-ce que vous allez rembourser les quatre-vingts millions de dollars de dette que vous nous devez, dites-nous ?
Il s'avère que ces personnes venaient en fait d'une agence de recouvrement de dettes et qu'elles venaient d’encercler la famille Hatcher.
- Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe ? s'écria Paula qui haletait.
Richard cria : arrêtez ! Vous avez la moindre idée de qui nous sommes ? La famille Crawford à Clodston fait partie de notre famille je vous signale !
Hélas, la voiture des Crawfords était déjà partie, laissant Richard complètement sans soutien.
Les deux rangées de Maybachs noires étaient si intimidantes que tous les spectateurs gardaient bien leurs distances.
La misérable famille Hatcher contrastait énormément avec eux.
Les hommes costauds de l'agence de recouvrement de dettes riaient.
- Oh, c'est une sacrée réputation. Vous prétendez être de la famille des Crawfords, mais est-ce qu'ils se soucient de vous par hasard ?
Le visage de Richard devint rouge vif !
Les hommes de l'agence de recouvrement de dettes étaient tous des voyous de toute façon. Comment pouvait-il les faire entendre raison ou au moins les convaincre d’arrêter de le frapper parce qu'il était faible et vieux ?
D’un coup, un bruit retentissant se fit entendre lorsque Richard et Paula furent tous deux giflés violemment et qu’ils tombèrent à genoux !
Toutes sortes de violences leur furent infligées, y compris des coups de poing et de pied. Après un certain temps, Paula et Richard avaient tous les deux le visage entièrement enflé et le nez meurtri. Ils agonisaient de douleur et étaient méconnaissables.
Tout était en train de s'effondrer autour d’eux. La famille Hatcher, autrefois impressionnante, était en pleine dépression nerveuse après avoir été humiliée devant tout le monde de cette façon. À la fin, la villa fut vidée et tous les bagages furent jetés dehors.
Debbie, qui avait le visage couvert de sang, fut également mise dehors. Toute la famille était dans un état pathétique et pitoyable !
Les voisins chuchotaient entre eux.
- Tu sais ? La petite fille Hatcher, et bien en fait, c’est la petite-fille de la famille Crawford qui vit à Clodston !
- Quoi ? Cette petite fille toute maigrichonne ? Celle qui a perdu sa mère à l'âge de deux ans, c’est ça ?
- Oh mon Dieu ! Ça a dû être tellement dur pour la famille Hatcher. J'aurais perdu la tête à leur place !
- Ils méritent ce qui leur est arrivé de toute façon ! J'ai déjà vu cette enfant être punie et devoir rester dehors sous la chaleur. J'ai dit quelques mots et j'ai été réprimandé par la vieille Hatcher.
- Ha ha ha ! Cette vieille dame ne disait-elle pas tout le temps que sa petite-fille était la malédiction de la famille ? Ils doivent bien regretter ce qu’ils ont fait maintenant !
Que le regret de la famille Hatcher soit sincère ou non, les spectateurs appréciaient clairement voir leur misère au loin. En effet, ils le méritaient et tout le monde le savait !
Stephen toussait sans arrêt. Ses oreilles bourdonnaient alors qu'il crachait de la mousse ensanglantée.
- Stephen, comment est-ce que tu vas ? s'inquiéta Debbie.
Paula déversa sa colère sur elle en disant : pourquoi tu pleures ? Où tu étais tout à l’heure ? Pourquoi je ne t'ai pas vue il y a peu ?
- J'ai vu Lilly tout à l'heure et je l'ai suppliée de pardonner à papy et mamie parce qu'ils sont vieux. Mais elle a refusé, sanglota Debbie en essayant de se justifier.
La haine de Paula grandissait et elle en voulait à Lilly pour toute cette humiliation qu'ils avaient subie ce jour-là.
Ils avaient élevé cette misérable fille pendant plus de trois ans, hein ? Et elle n'avait aucune gratitude du tout ! C’était une enfant ingrate, tout comme sa mère décédée !
Cette satanée gamine a maudit sa propre mère et a causé sa mort. Elle a également conduit son père à la faillite et a causé leur ruine. Tout ça, c’est à cause d'elle et personne d’autre !
Plus Paula y réfléchissait, plus elle était en colère. Elle voulait dire qu'ils ne se souciaient pas de Lilly, mais maintenant que c’était le cas, elle voulait la retenir et ne jamais la laisser partir !
Paula n'avait aucun moyen de se défouler, alors elle fit la seule chose à sa portée : maudire intérieurement la famille Crawford et leur souhaiter toute la malchance possible à tous ses membres !
...
Anthony tapota ses doigts sur l'écran de la voiture et envoya un message qui disait : débarrassez-vous de la famille Hatcher.
- Les tuer ? dit la réponse de l'autre côté.
Anthony se mit à rire : les tuer ?
Il ne pouvait certainement pas commettre un meurtre pour se débarrasser de ce genre de déchets.
Même s'il souhaitait se venger, la famille Crawford devait rester innocente : les faire vivre quelque chose de bien pire que la mort.
Lilly était assise tranquillement dans la voiture. Elle tenait son lapin en peluche et son perroquet.
Hugh adoucit son ton et essaya d'avoir l'air amical : Lilly, rentrons à la maison !
Gilbert ajouta : notre maison est à Clodston. Nous prendrons un avion plus tard.
Lilly hocha docilement la tête et resta silencieuse. La mignonnerie qu'elle avait quand elle amadouait le perroquet avait disparu.
Mais c'était tout de même mieux qu'avant.
Le cœur d’Hugh lui faisait mal. L'obéissance de Lilly le rendait encore plus malheureux.
Seuls les enfants qui ont grandi dans un environnement extrêmement traumatisant étaient aussi silencieux que ça. Qu’avait enduré Lilly pour en arriver là ?
- Allez... Rentrons à la maison, murmura Hugh.
Soudain, Lilly demanda : papy... Est-ce qu'on peut aussi ramener les cendres de maman à la maison ?
Hugh hocha tristement la tête : d'accord. On va tous rentrer ensemble.
Lilly se sentit soulagée.
La famille Crawford avait affrété un avion privé. Lilly regardait par la fenêtre le ciel et les nuages semblaient voler à côté d'elle.
Elle se pencha en avant, puis posa le lapin en peluche et croisa les bras, les appuyant sur la fenêtre de l'avion pour regarder dehors.
- Lilly, qu'est-ce que tu regardes ? demanda Bryson en souriant chaleureusement.
- Tonton Bryson, on est dans le ciel là, pas vrai ? demanda Lilly en tournant la tête.
Bryson hocha la tête et répondit que oui.
Elle n'avait jamais été dans un avion auparavant. Soudainement, Lilly demanda : donc, maman aussi elle est ici ?
Bryson et Gilbert, assis à juste à côté, furent surpris et s'exclamèrent tous les deux : quoi ?
Lilly baissa les yeux. Elle regarda silencieusement par la fenêtre et dit doucement : ils ont dit que maman était morte et qu'elle était allée au paradis. Donc, on pourra voir maman tout à l’heure, non ?
Lilly regardait par la fenêtre, le dos tourné, elle avait les larmes aux yeux.
Elle savait que l'histoire qu'on lui avait racontée, selon laquelle toute personne qui mourait allait au paradis, était un mensonge raconté aux enfants.
Maman ne serait pas ici dans le ciel… Mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être excitée à l’idée. Elle voulait vraiment voir sa mère là.
D’un coup, les yeux d’Hugh se remplirent de larmes. Les autres frères étaient aussi réstés silencieux, la tête tournée vers l'extérieur, les poings serrés.
Gilbert berça Lilly dans ses bras et murmura doucement : Lilly, il est temps de dormir. Tu pourras voir ta maman dans tes rêves quand tu t'endormiras.
Lilly murmura, car elle était d'accord, ses larmes coulaient silencieusement sur ses joues alors qu'elle se blottissait dans les bras de Gilbert.
Tonton Gilbert ment aussi.
Elle s'était endormie d'innombrables fois, mais jamais elle n'avait rêvé de sa maman.
Sans que la fillette s’en rende compte, elle s'était endormie. Une lueur faible émanait du bracelet rouge qui entourait son poignet, à peine perceptible à moins de prêter une attention toute particulière.
Dans son rêve, Lilly ressentait une sensation chaleureuse envelopper son corps, comme si elle se prélassait au soleil. Elle se sentait incroyablement légère, presque comme si elle pouvait planer dans les airs.
Entourée de nuages blancs et moelleux qui ressemblaient à de la barbe à papa, Lilly tendit prudemment la main, cueillit un petit morceau et le plaça dans sa bouche. Ses yeux pétillaient de joie. C'était sucré aussi !
Une voix douce et familière l'appela derrière elle : Lilly...
Les yeux de Lilly s'élargirent et quand elle se retourna, elle vit sa mère qui se tenait non loin de là. Sa mère la regardait avec des larmes aux yeux.
- Maman !
Lilly se précipita sur elle et sa mère la serra fort dans ses bras.
Jean caressa tendrement sa petite tête et chuchota : à partir de maintenant, Lilly, papy et tous tes oncles seront ta famille. Tu dois mener une vie heureuse, ok ?
Des larmes coulaient sur les joues de Lilly alors qu'elle répondait docilement : oui, maman. Je le ferai.
Jean continua : mamie aussi n’est pas en bonne santé. Tu peux m'aider à prendre soin d'elle ? Tu es d’accord ?
Lilly hocha vigoureusement la tête, luttant pour retenir ses larmes.
Je le ferai. Je prendrai soin de mamie, c’est clair.
Jean sourit. Elle allait en dire davantage, mais sa silhouette commença à briller faiblement et à s'estomper.
- Je t'aime, Lilly. Je t'aimerai pour toujours !
Lilly appela sa mère dans son sommeil, le visage trempé de larmes.