Chapitre 12 : Désormais, elle s'appellera Lilly Crawford
Hugh et les frères Crawford se tenaient autour du lit de Lilly, pleins de tristesse alors qu'ils regardaient la petite fille pleurer sa mère dans son sommeil.
À leur insu, une autre présence était aussi là avec Lilly. C’était Pablo. Pablo toucha doucement son front et attacha un fil rouge à son poignet.
D’un coup, le visage de Lilly s'illumina avec un sourire discret.
- Eh, j'ai enfin payé ma dette envers ta mère...
...
L'avion atterrit à l'aéroport international de Clodston.
Hugh échangea un regard plein de sens avec Gilbert lorsqu'il nota que Lilly dormait encore. Gilbert la prit doucement dans ses bras et se prépara à partir, tout en se courbant pour éviter de réveiller la petite.
Le perroquet se balança et cria :
- KIDNAPPEUR ! KIDNAPPEUR !
Les yeux de Lilly s'ouvrirent immédiatement. Les Crawfords étaient sans voix.
Ils se tenaient silencieux, le regard fixé sur le superbe perroquet aux plumes vert vif.
Ils comprirent enfin pourquoi il avait appris la phrase : “ragoût d'oiseau”.
Lilly cligna des yeux, les cheveux légèrement ébouriffés et serra son petit lapin en peluche dans les bras. Elle était tellement adorable.
Le lien le plus fort était entre Gilbert et Jean. Voir Lilly dans cet état lui rappelait Jean quand elle était enfant.
Son cœur fut touché. Il prit Lilly dans ses bras, lui caressa doucement la tête et lui dit :
- Ma chérie, nous sommes arrivés à Clodston. On va rentrer à la maison maintenant.
Lilly, qui était encore étourdie, hocha la tête sans expression.
La voiture des Crawfords attendait déjà à l'extérieur de l'aéroport et les quatre Rolls-Royce Extended qui étaient soigneusement garées attirèrent l'attention de tous les passants.
- Mon Dieu ! Prenez donc une photo, dépêchez-vous !
- Qui cette voiture vient chercher ? Quelle grandiosité !
Huit grands hommes, menés par un homme plus âgé, sortirent tandis que la foule bourdonnait d'excitation.
L'un des hommes tenait une petite fille dans ses bras. Celle-ci tenait un petit lapin en peluche et portait une robe de princesse blanche.
Un perroquet vert était perché sur l'épaule de l'homme qui se trouvait à côté d'elle.
Le perroquet chanta à tue-tête :
- Oh-oh. Je n'ai pas pu m'en empêcher. Je suis presque chez toi, encore, encore !
Tout le monde se tut. Quelque chose semblait... un petit peu étrange !
Les visages des huit hommes s'assombrirent alors qu'ils montaient à toute vitesse dans la longue voiture de luxe qui s'éloignait lentement de l'aéroport, en emportant la petite fille adorable.
- Waouh ! Qui est cette si jolie princesse ?
- Je suis tellement jalouse ! Je suis aussi humaine qu'elle. Comment a-t-elle eu la chance d'être réincarnée dans une famille riche ?
Tout en prenant des photos avec son téléphone, une femme qui semblait être une célébrité d'internet s'exclama :
- Mes fans ! Aujourd'hui, on a beaucoup appris ! Quatre Rolls-Royce Extended ! Vous avez une idée du prix que coûte l'une de ces voitures ? C'est au moins huit millions de dollars ! Quel genre de famille...
Lilly s'appuya contre la fenêtre de la voiture de luxe. Son regard fixait les gratte-ciels à l'extérieur.
Son père l'y avait déjà amenée quand ça s'appelait encore South Town. Il y avait beaucoup de grands immeubles, mais aucun n’était aussi grands que les gratte-ciels qui se trouvaient devant elle.
- Tonton Gilbert, c'est le château de princesse de maman ? lui demanda Lilly, tournant la tête pour se rapprocher de Gilbert.
Gilbert, qui était ému, acquiesça et répondit :
- Oui, c'est le château de princesse de ta maman.
Autrefois, ils avaient voulu acheter une île et construire un château privé pour leur sœur chérie.
Toutefois, ces opportunités étaient perdues.
Toutefois...
Gilbert regarda Lilly durant un long moment et la douleur qu’il avait dans le cœur commença à s'apaiser tout doucement.
La voiture arriva bientôt au manoir des Crawfords.
Ce manoir se trouvait dans une zone pittoresque, tout près d'un lac. Il était cerclé d'un paysage magnifique et niché dans un quartier tranquille.
Lilly, qui n’était encore qu’une enfant de trois ans et demi, bien qu’elle soit très intelligente, ne put s'empêcher de montrer de la surprise sur son petit visage en regardant le manoir devant elle.
C’est là que maman a grandi ?
La grande pelouse était ornée d’innombrables fleurs. Est-ce qu’elle pourrait apercevoir sa mère si elle se mettait à courir aussi vite qu'elle le pouvait à travers la pelouse ?
Deux rangées de domestiques se tenaient de chaque côté du manoir, tout sourire.
- Mademoiselle, bienvenue chez vous !
Hugh et Anthony marchaient en tête. Ils parlaient à voix basse.
- Désormais, Lilly sera la précieuse petite fille de la famille Crawford. Et elle portera notre nom de famille, Crawford.
- D'accord, acquiesça Anthony.
Hugh, préoccupé, demanda :
- Quel prénom de fille conviendrait à la famille Crawford ?
Nous devons trouver un nom pour notre petite chérie tout de suite.
**
Comparée à la façon dont Lilly avait été traitée, la famille Hatcher n'était pas dans une situation aussi critique !
La famille Hatcher fit faillite, ainsi que leurs autres sociétés cotées. Cependant, le patron avait encore un peu d'argent pour pouvoir acheter une maison ou quelque chose du genre.
Tout le domaine de la famille Hatcher avait été saisi. Leurs comptes bancaires étaient bloqués et ils étaient contraints de dormir sous les ponts.
Vivre sous un pont était supportable pour les Hatchers. Toutefois, ils ne comprenaient pas pourquoi ils continuaient à se faire battre. Soit quelqu'un venait les chasser, soit les agresser.
Après trois jours et trois nuits de marche comme des mendiants, ils étaient enfin arrivés dans leur ville natale à la campagne.
Stephen, qui souffrait de graves blessures, s’était traîné jusque-là. Il s'accrochait à peine à la vie et pensait qu'il ne lui restait qu'un souffle.
En revenant dans sa ville natale toute délabrée, il trouva la maison en mauvais état. Autrefois, il méprisait la vie à la campagne et n'avait aucune envie de réparer cette vieille maison. Là, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.
Stephen gisait là, consumé par le malheur. Plus il y pensait, plus il regrettait ses choix. Et plus il regrettait, plus il s'inquiétait. Mais il ne pouvait rien y faire !
Stephen avait du mal à accepter à quel point il avait sombré, d’autant plus que maintenant il était handicapé. La disparité était devenue trop grande. Et il était tourmenté à en devenir fou.
- Stephen, lève-toi et mange un peu de soupe... Debbie s'approcha avec un bol de soupe aux œufs. Elle avait les yeux qui scintillaient légèrement.
Elle avait ajouté une cuillère de mort aux rats dans ce bol de soupe.
Stephen jeta un coup d'œil à la soupe. Quand il nota qu'il n'y avait qu'un tout petit morceau d'œuf qui flottait dedans, il jeta le bol avec colère.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? Tu veux me nourrir avec ça ?
Il grimaça de douleur en tirant sur sa blessure en disant ses mots.
Debbie baissa la tête, essuyant ses larmes. Elle avait l’air pitoyable.
Paula, qui se trouvait dans le salon, cria :
- Debbie, dépêche-toi de commencer à cuisiner ! Tu comptes nous laisser tous mourir de faim ?
Le visage de Debbie s'assombrit. Elle n'était pas leur esclave, mais ils continuaient de la traiter comme telle ! Mais, il n'y avait rien qu'elle puisse faire !
Quand elle vivait comme une sans-abri sous les ponts, elle avait tenté plusieurs fois de séduire des hommes riches, mais pour une raison quelconque, leurs femmes la surprenaient toujours. Elles l'attrapaient par les cheveux et la frappaient.
Ses seules compétences étaient d'amuser les hommes, de coucher avec et de les manipuler. Toutefois, elle finissait toujours sans rien, ce qui lui causait une énorme douleur car Debbie ne savait faire que “ça”.
Si elle avait eu un autre endroit où aller, jamais elle ne se serait retrouvée dans cette maison délabrée avec les Hatchers...
Là, Paula, qui parcourait les sujets populaires de TikTok, tomba par hasard sur...
- OH MON DIEU ! on a beaucoup appris ! Quatre Rolls-Royce Extended ! Vous avez une idée du prix que coûte l'une de ces voitures ? C'est au moins huit millions de dollars !
- Je me demande quelle chanceuse petite princesse a été emmenée dans cette voiture. Je suis tellement jalouse !
La vidéo montrait Lilly se faire porter jusqu’à la voiture !
Paula ressentit soudainement une pression dans la poitrine et eut du mal à respirer.
- C'est scandaleux ! Elle s'amuse tellement qu'elle a oublié ses grands-parents ! Quelle enfant ingrate ! Nous avons toujours été gentils avec elle, mais elle ne l'apprécie pas ! Elle est le mouton noir de la famille... Paula ne put s'empêcher d'exprimer sa déception.
Debbie alla se cacher dans la cuisine et alluma son téléphone discrètement pour voir ce qui se passait.
Il y avait huit hommes grands et beaux. Ils portaient tous un masque et dégageaient une aura autoritaire. Des agents de sécurité étaient également présents pour ouvrir la voie.
Mais la figure la plus frappante, c’était Lilly, qui était entourée comme d'une constellation d'étoiles.
Debbie regardait les quatre voitures de luxe, de plus en plus envieuse et rancunière.
Après deux ans de lutte, elle avait enfin réussi à devenir Mme Hatcher de manière inattendue. Et là, elle se retrouvait dans cette situation.
La femme qu'elle avait prise pour une mendiante n’était autre que la fille de la famille Crawford !
Si elle avait su, elle aurait fait semblant d’être la meilleure amie de Jean...
Plus Debbie y pensait, plus elle regrettait. Et plus elle y pensait, plus sa rancœur grandissait. Elle ne comprenait pas ce qui était si captivant chez Lilly !
Elle sortit son téléphone et commença à taper frénétiquement, en éclatant presque l'écran.
- La précieuse petite princesse de la famille Crawford a un cœur méchant et, par jalousie, elle a poussé sa belle-mère dans les escaliers, ce qui provoqua une fausse couche !
- Malgré deux hémorragies graves, la belle-mère a réussi à s'accrocher à la vie. Néanmoins, la coupable est revenue à Clodston de manière grandiose, arrivant dans quatre véhicules de luxe.
Debbie n'osait pas divulguer la nouvelle aux médias grand public, alors elle l'a envoyée à différents groupes de ragots, sachant qu'ils la propageraient comme une traînée de poudre.
Juste après avoir divulgué la nouvelle, elle entendit quelqu'un dire dehors :
- La police est là. Terrifiée, ses mains tremblaient, faisant tomber son téléphone à terre !
Paula se précipita dans la cuisine et dit avec anxiété :
- Dépêche-toi, la police est là. Prends Stephen et pars immédiatement !
Debbie fut poussée dans la chambre de Stephen. Stephen était en train de paniquer. Quand il vit que Debbie bougeait beaucoup trop lentement, il la gifla et cria :
- Dépêche-toi ! Aide-moi à me lever et partons !
Debbie supporta la douleur et aida Stephen à s'échapper par l'arrière de la cuisine. Il marcha dans la boue, la bouse de vache et autres saletés sans se soucier de rien. C’était une situation désespérée !
Après avoir appris que la famille Hatcher était confinée et cachée dans les montagnes, ils se cachèrent, tous les deux, dans les champs. Même s'il faisait sombre, ils n'osaient pas rentrer.
La montagne était d'un froid glacial et ils grelottaient tous les deux.
Stephen regarda Debbie, qui se trouvait juste à côté de lui, et lui dit avec émotion :
- Tu es la meilleure. Tu as toujours été à mes côtés.
Debbie sourit affectueusement. Elle ne le faisait pas vraiment par affection, mais plutôt car elle pensait à son propre avenir.
Elle avait déjà été mariée une fois. Si elle devait se marier dans une autre famille riche, il fallait qu’elle possède des qualités qui pourraient rivaliser avec les autres. Par exemple, être “affectueuse et loyale, et ne pas quitter son ex-mari même s’il fait faillite.” C'était une chose pour laquelle il valait la peine de se battre.
C'était la seule et vraie raison pour laquelle elle ne quittait pas Stephen !
Une femme qui valorisait l'affection et la loyauté mais qui était maltraitée par son mari pouvait susciter la compassion et la sympathie d’autres hommes.