Chapitre 5 Tomber dans un piège
Alexandre avait fait l'expérience de divers parfums vaporisés sur différentes femmes. L'odeur synthétique de ces parfums artificiels était si répugnante qu'il les détestait.
Cependant, le parfum de cette fille était agréable.
Tandis qu’Alexandre détachait sa ceinture, il demanda à voix basse :
– Quel parfum portes-tu ?
Parfum ?
Annie secoua la tête.
– Je ne porte pas de parfum.
– Alors pourquoi tu sens si bon...
Alexandre avait levé les yeux, mais il s’était figé, car ses lèvres avaient doucement rencontré celles d’Annie au moment où il avait levé la tête.
Ils avaient fini par s'embrasser de façon surprenante, les lèvres séparées par son voile.
Les cils d’Annie tremblaient. C'était son premier baiser !
Alexandre recula rapidement. Ses yeux sombres fixèrent momentanément les lèvres rouges cachées derrière son voile, et sa pomme d'Adam se mit à osciller.
– Je suis vraiment désolé. Dois-je te laisser... me rendre la pareille ?
Annie le regarda fixement.
– Je pense... Je pense que je devrais te gifler.
Les lèvres minces d’Alexandre se retroussèrent en un sourire. Une vague de rire charismatique et joyeux s'échappa de sa gorge.
Annie ouvrit alors la portière de la voiture.
– Je vais donc partir.
– Je suis Alexandre.
Annie n'y réfléchit pas, elle répondit simplement par un grognement négligent. Pour l'instant, elle se moquait bien de son nom. Tout ce qu'elle voulait, c'était voir son grand-père.
– Je sais, M. Mulon. Au revoir. Annie salua Alexandre depuis l'extérieur de la voiture.
Ce jour-là, elle portait un manteau de fourrure rouge. Lorsqu'elle fit un signe de la main, son manteau de fourrure se releva pour révéler sa petite taille de saule. Les doigts d’Alexandre frottèrent lentement le volant. Il se demandait si sa taille était assez fine pour qu'il puisse l'entourer de sa main.
– J'ai une réunion tout à l’heure. Je viendrai te chercher un peu plus tard.
– Tu n’as pas besoin de...
Mais lorsqu’Annie tentait de protester, la voiture s’était déjà éloignée.
...
Delphine avait tout vu depuis l'étage où elle se trouvait. Quelle surprise, cette Annie sait faire bonne figure. Elle s'est mariée hier avec un homme malade, et voilà qu'elle sort avec un autre homme.
Delphine jeta un coup d'œil à la voiture de luxe. Elle était plutôt belle, mais ce n'était pas la meilleure. Cependant, cette plaque d'immatriculation...
Delphine n'avait jamais vu cette plaque d'immatriculation auparavant, mais elle avait entendu dire par sa meilleure amie qu’elle était exceptionnelle. On pouvait faire tout ce que l'on voulait dans la ville A si l'on possédait cette plaque d'immatriculation !
Comment un homme égaré qu’Annie fréquente pouvait-il avoir cette plaque d'immatriculation ?
Delphine se demandait si elle n'avait pas perdu la vue, mais lorsqu'elle se frotta les yeux pour mieux voir, la voiture avait déjà démarré.
Elle avait dû voir des choses.
Delphine descendit en trombe et aperçut Annie. Elle éclata immédiatement d'un rire bruyant.
– Annie, qui est cet homme qui t'a accompagnée ici ? Qui aurait cru que tu te sentirais si seule si rapidement ? Et tu as même un petit jouet à toi !
Un petit jouet ? Alexandre ?
Le beau visage ciselé d’Alexandre vint immédiatement à l'esprit d’Annie, ainsi que son aura dominatrice et puissante. Elle n'arrivait pas à associer ces aspects au concept de « petit jouet » même si elle essayait de toutes ses forces.
Elle ne savait pas non plus ce qu’Alexandre dirait s'il savait qu'il venait d'être traité de jouet.
– Où est grand-père ? Je veux le voir. Annie contourna Delphine pour monter à l'étage.
Grand-père Dupont était allongé sur son lit, dans sa chambre à l'étage. Cela faisait dix ans qu'il était inconscient. Les médecins avaient déclaré qu'il était dans un état végétatif depuis longtemps.
Outre sa mère, Grand-père Dupont était celui qui aimait le plus Annie parmi les Dupont.
Elle n'avait que neuf ans lorsque sa mère était décédée des suites d'une maladie, il y a dix ans. Un jour, elle s’était réveillée et s’était retrouvée en haut des escaliers. Grand-père Dupont gisait déjà dans une mare de sang, après être tombé dans l'escalier. André et les domestiques s'étaient alors précipités, mais elle avait beau essayer de s'expliquer, tout le monde pensait qu'elle avait poussé son grand-père.
Plus tard, André engagea un astrologue. Ce dernier avait dit qu'elle était une personne qui apportait la calamité avec elle, qu'elle apporterait le malheur aux autres ; tous ceux qui restaient avec elle finissaient par subir des désastres.
Le soir même, André l'envoya vivre à la campagne à l'âge de neuf ans. Depuis, il n’avait jamais demandé de ses nouvelles.
Annie n’avait appris que plus tard que son père avait été infidèle, qu'il avait couché avec l'actrice Clémentine et qu'il avait même déjà eu deux filles avec elle. L'aînée, Ingrid Dupont, était même plus âgée qu’Annie elle-même.
Annie était revenue se marier et avait découvert la vérité sur les événements de cette année-là.
Elle avait tâté le pouls de son grand-père, avant de sortir une aiguille et de l'insérer dans un point de pression.
Après avoir rangé l'aiguille, Annie réarrangea les couvertures de son grand-père et lui murmura :
– Grand-père, ne t'inquiète pas. Je vais te guérir. Bientôt, tu te réveilleras.
...
Delphine trouva Clémentine dans la cuisine.
– Maman, laisse-moi te dire quelque chose. Un homme a accompagné Annie ici. Celui-ci est le petit jouet avec lequel elle s'est amusée en cachette !
Clémentine était en train de faire mijoter un nid d'oiseau. En entendant les paroles de sa fille, elle se raidit de surprise.
– Annie s'est donc trouvé un homme à côté. Elle est vraiment effrontée !
– Maman, pour qui fais-tu ce nid d'oiseau ?
– C'est pour Annie.
– Quoi ? Maman, est-ce que j'ai bien entendu ?
Clémentine sortit un paquet de poudre et en saupoudra le bol de nid d'oiseau.
– Qu'est-ce que tu racontes ? Je mets du piment dans ce nid d'oiseau. M. Hugo a eu un faible pour Annie lors du mariage hier, et comme celle-ci n'est pas si mal en point, elle peut rapporter un bon prix. De toute façon, elle est mariée à quelqu'un qui va bientôt se casser la figure. Elle peut encore servir de jouet à ces vieux patrons. Je prendrai de très belles photos d'elle plus tard. Je suis sûre qu'elle m'écoutera.
Delphine leva le pouce et soupira d'adoration.
– Maman, tu es si intelligente. Je vais à la boulangerie pour acheter des gâteaux. Je reviens pour regarder le spectacle !
Clémentine prit le bol de nid d'oiseau. C'est à ce moment-là qu’Annie descendait . Clémentine l'appela rapidement :
– Annie, j'ai préparé un nid d'oiseau pour toi. Viens le manger.
Clémentine a préparé ce bol de soupe au nid d'oiseau. Puis-je vraiment la manger ?
Annie sourit et entra dans la salle à manger comme si de rien n'était. Elle avait même pris la cuillère pour boire quelques gorgées de soupe, se comportant comme une gentille petite idiote en gloussant.
– C'est délicieux. Merci, ma tante.
– Tu n'as pas à me remercier. Tu peux le finir si c'est si bon que ça. Au fond d’elle, Clémentine la traitait de crétine, mais extérieurement, elle sourit.
Bientôt, la vision d’Annie s'obscurcit.
– Tante, qu'as-tu... mis dans la soupe ?
Annie s'effondra sur la table.
Clémentine ricana froidement et ordonna immédiatement à quelqu'un d'emmener Annie dans une chambre à l'étage.
...
Un homme d'âge moyen au ventre bedonnant arriva bientôt, tout excité.
– Mme Dupont, où est-elle ? As-tu réussi à l'attraper ?
– M. Hugo, Annie est dans une chambre à l'étage. Le médicament lui permettra de rester endormie pendant deux heures. Tu peux profiter d'elle comme bon te semble, dit Clémentine en ricanant.
– Mme Dupont, tu t’es occupée de tout avec brio. M. Hugo s'inclina précipitamment avant de se précipiter vers la chambre.
Cependant, Clémentine tendit la main et l'arrêta d'un coup sec.
– M. Hugo, tu as accepté d'investir dans Dupont Medical...
M. Hugo avait envie de mettre la main sur Annie depuis qu'il avait vu sa belle et douce silhouette au mariage, la veille. C'est pourquoi Clémentine et lui avaient fini par conclure un accord.
– Mme Dupont, sois assurée que je suis un homme de parole. Cela dit, M. Hugo entra dans la pièce.
...
M. Hugo bava pratiquement lorsqu'il eut vu Annie sur le lit à l'intérieur. Il se débarrassa rapidement de ses vêtements et se jeta sur elle.
– Je suis là, ma jolie petite chose !