Chapitre 8 Défaite
Madeline répondit,
– Je te laisse faire le choix. Ce secteur ne m’est pas familier.
Sébastien hocha la tête.
– D’accord. Il les emmena ensuite au dojo qu'il fréquentait. Après échauffements, ils commencèrent à se battre.
Madeline s'était faite formée par un maître émérite et ses mouvements étaient aussi souples que redoutables. Bien entendu, ils étaient aussi empreints d’élégance. Les enfants applaudissaient avec entrain leur mère et l’incitèrent à se surpasser. Madeline se savait douée, mais à sa grande surprise, Sébastien s’en sortait plutôt bien.
Ce dernier avait l’air d’un aristocrate qui n'avait jamais eu à recourir à la violence auparavant, et pourtant chacun de ses mouvements était d’une puissance suffisante pour terrasser la dame. In fine, celle-ci commit une bévue et laissa un espace à l’homme. Ce dernier la frappa à l'épaule et elle s’écroula en arrière.
Inquiets, les garçons émirent un cri étouffé, mais Sébastien la ceintura à temps.
Il se retourna avec elle dans ses bras et la stabilisa. Un instant plus tard, il lâcha prise et recula d'un pas.
– Alors, on continue ? demanda-t-il en souriant.
Ce n'était pas un long combat, mais Madeline savait qu'elle n'était probablement pas à la hauteur de l’homme. Cependant, elle ne voulait pas céder. Elle ne voulait pas le laisser revoir ses fils. Je dois gagner et m'assurer qu'il disparaisse à jamais de nos vies. Il est fort, mais j'ai encore une chance de me battre. Si je donne le meilleur de moi, je peux encore gagner, grinça-t-elle les dents en hochant la tête.
– Allons-y.
Après un autre affrontement, la dame perdit à nouveau.
L’homme lui empoigna la gorge avec trois doigts, et le duel fut scellé, à la grande stupéfaction de Madeline. Elle se voyait comme une surdouée des arts martiaux et se croyait invincible face à n’importe quel adversaire. J… j'ai perdu ? Et je ne peux rien faire pour le nier. Il me dépasse, me domine et me surclasse. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas été battue, et le goût de la défaite était toujours aussi amer. Mais elle n’était pas une mauvaise perdante, alors elle accepta sa défaite.
– J'ai perdu.
Sébastien la relâcha et la redressa, en parfait gentleman.
– Tu es déjà assez forte. Et il le pensait vraiment. Très peu d’hommes pouvaient l’affronter, encore moins une femme. Cependant, la dame changea la perception de l’homme. S'il ne l'avait pas combattue, il n'aurait jamais cru qu'une femme aussi fragile et magnifique qu'elle pouvait être une combattante aussi talentueuse.
– Non, j'ai perdu. Tu es le meilleur combattant. Elle recula de quelques pas et regarda l’homme d’un air sérieux. Tu peux prendre les cheveux d'Aldo, mais les résultats ne changent rien au fait que les garçons sont à moi et ce pour toujours. Je ne permettrai à personne de me les enlever. Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle.
– Je comprends, acquiesça l’homme. Personne ne peut te les enlever, mais si les résultats prouvent que ce sont mes fils, tu devras expliquer comment tu as pu obtenir mon échantillon.
Réduite au silence, elle baissa les yeux. C'était un triste souvenir qu’elle ne voulait pas ressasser. Un souvenir chargé d'agonie et d'humiliation, mais si Sébastien était le père des garçons, alors sa demande n’aurait pas été déplacée. Tout ce qu'elle pouvait faire en ce moment-là était de prier que les garçons ne fussent pas ceux de l’homme.